Le minus et la nourriture

juin 11, 2014 dans ma vie par Paf

zekitchengallery

Je suis en train de réaliser que je ne vous ai jamais parlé de l’alimentation du minus. Je ne sais pas comment j’ai fait pour passer tout ce temps sans évoquer ce sujet ô combien “touchy” (si sensible, pour les authentiques réfractaires à la langue de Sid Vicious). Le sujet est tellement vaste que je ne sais par quel bout commencer. Ce billet sera le premier d’une série. J’en ferai un chaque année pour noter les évolutions à ce sujet.

Alors comment dire ? En matière d’alimentation, le minus est chiant relou difficile pénible exigeant. Pas sur le plan qualitatif. J’ai presque envie de dire au contraire. En fait, il aime un nombre d’aliments assez restreint, et surtout préparés d’une manière très précise. Mais là, ça peut aller loin. La définition de l’intransigeance. Je vais donner un exemple : il aime les carottes râpées, mais uniquement si elles sont râpées à la main et additionnées de jus de citron. Si tu fous de la vinaigrette standard, c’est mort. Si tu les râpes avec un appareil qui ne donne pas le même calibre de brin de carotte, c’est mort. S’il te prenait l’idée saugrenue d’y ajouter du persil ou n’importe quoi d’autre même en quantité infinitésimale, c’est mort. Et c’est comme ça pour à peu près tout ce qui est salé et qu’il daigne absorber, ça ne doit pas s’éloigner du modèle qu’il a validé. Il mange des tomates cerises, mais pas de tomates normales bien meilleures.

Ensuite, il y a une quantité de choses qu’il dit ne pas aimer alors qu’il ne les a jamais goûtées. Jamais, bordel ! Je crois que c’est ce qui me rend le plus dingue. Nous avons tout essayé. De la demande simple de tester une bouchée au chantage le plus vil. Cet enfant est incorruptible. Je l’ai vu renoncer à une énorme glace pour ne pas gober trois malheureux petits pois. Je n’exagère pas. Bon, depuis il a goûté et accepté de réitérer sur quelques petits pois mais c’est clairement pas son légume favori. Ce n’était pas non plus la peine de le menacer d’aller au lit sans manger, dans ce cas-là il sortait de table et te demandait s’il pouvait jouer un peu avant de se coucher. Les rares fois où nous avons insisté pour qu’il mange quelque chose qui était légèrement diffèrent de la version validée, il nous a expliqué, vomi dans l’assiette à l’appui, que cela ne convenait pas.

Ça nous a valu quelques moments de tension par le passé. Un jour, j’ai décidé qu’il ne sortirait pas de table sans avoir goûté un truc, je ne sais même plus quoi. Au bout d’une heure de larmes dans la plus pure tragédie , avec hoquets proches de la crise d’asthme, j’ai lâché l’affaire. Une autre fois, c’est MQB qui a décidé qu’il goûterait un machin. Même topo. Donc nous avons renoncé à ce que les repas soient un moment de conflit. Il finira bien un jour ou l’autre par tester des trucs et s’y mettre. Ou pas. Dans la mesure où ce qu’il consomme contient à peu près des éléments de chaque groupe, et que par ailleurs il aime autant les fruits que les laitages, ben ça va comme ça. J’ai juste un petit pincement quand nous payons la cantine scolaire en pensant que ça fait assez cher les pichets d’eau et le pain qu’il mange deux jours sur trois.

Exemple de dialogue à la sortie de l’école :
- T’as mangé le concombre en entrée ?
- Ben non, il était en rondelles et y’avait du jus dessus.
- Et la viande ?
- Ben non, y’avait du gras.
- Et les pâtes ?
- Ben non, y’avait de la sauce de la viande.
- Et le dessert au moins ?
- Ben non, y’avait des morceaux dans le yaourt.

Une des choses compliquées, c'est de trouver lors de nos déplacements des restaurant plutôt bons (pour nous) et susceptibles de proposer des frites ou des pâtes natures ou du riz nature. C'est fou le nombre de restaurateurs qui ne peuvent pas s’empêcher de glisser des trucs horribles comme des feuilles de salade dans une assiette, les fourbes ! Pour les desserts, en revanche, là tu peux y aller, mélanger les textures, les couleurs et les saveurs, ça passe beaucoup mieux.

D’habitude je ne finis pas mes billets par une question ou une invitation à commenter, comme tous les blogueurs à succès le conseillent, mais cette fois-ci, je te la fais même façon appel à témoin de confession intimes : ton enfant ne mange que des saloperies, refuse de boire de l’eau, il est impossible de lui faire avaler des choses au demeurant comestibles, fais moi plaisir, tu peux y aller c’est anonyme et je me sentirai moins seul.

Photo : Linguine aux girolles copeaux de Pecorino et pesto de basilique taï – chez Ze Kitchen Galerie