Samedi, 15h45, réveil de la sieste du minus. On lui dit doucement “il faut te réveiller, c’est l’heure d’aller chez Barnabé” (tous les noms de cette chronique ont été changés pour protéger les coupables). Là, minus manque de se cogner la tête dans le lit jumeau du haut tellement il se lève vite en disant “ah oui, mais je dois mettre mon costume”. Tu parles. Comme si on avait pu oublier. Depuis deux mois qu’on a retrouvé ce costume de chevalier qui appartenait à préado quand il était minus, le minus rêve d’aller à un goûter d’anniversaire pour le porter fièrement devant ses pairs. Mais d’abord, faut lui mettre des vêtements sous son costume. Même si le minus considère que c’est une grosse perte de temps pour le moment, il nous remerciera plus tard (ou pas) parce que la cotte de maille, même en synthétique, ça doit gratter un peu. MQB jette un T-shirt par terre en grommelant un truc genre “pas confortable” (pourquoi tu l’as sorti alors ?) et me demande de lui passer un T-shirt tout simple. Sous une apparence anodine se dissimule en fait une mission presque impossible : lui passer le T-shirt auquel elle pense. Je commets l’erreur de sous-estimer la complexité de la tâche et j’attrape un T-shirt en haut de la pile. “Non, c’est un manches longues”. Déplié, il rejoint son frère pas confortable par terre. J’en tends un autre qui n’a pas les manches longues. “Ça, c’est un maillot de corps, passe-moi un T-shirt”. Troisième truc déplié par terre. Là, je fais ce que tout humain sensé devrait faire : je replie les trois T-shirts et lui dis de le prendre elle-même. Crois-moi, je n’avais qu’une chance sur 27 (le nombre de T-shirts dans l’armoire) de donner le bon. D’ailleurs, elle a trouvé son bonheur dans ceux qui étaient secs sur le sèche-linge, que je ne risquais donc pas de trouver dans l’armoire.
Pour l’unique fois de la semaine, du mois et probablement du trimestre, minus est habillé en moins de deux minutes (en ne comptant pas le temps du choix du T-shirt dont il n’est pas responsable). Costume de chevalier cape et bouclier inclus. D’habitude quand je l’habille pour aller à l’école, j’ai l’impression d’essayer d’habiller un poulpe mort (mais encore humide, sinon ce serait trop facile).
Nous voilà dans la rue pour nous rendre chez (comment je l’ai appelé déjà ? Ha oui !) Barnabé, dont le logis jouxte le nôtre puisqu’ils vont dans la même école. Bon, il jouxte pas tellement, en fait. Nous sommes au sud-est de l’école, il est au nord-ouest. Je voyais ça plus serré à Paris, le découpage scolaire. Sur notre chemin, nous croisons quelques regards admiratifs d’autres minus, quelques regards amusés d’adultes et même le regard surpris d’un mec qui a commencé l’apéro vraiment trop tôt et qui a dû avoir un flash-back mixé des Visiteurs et de Bugsy Malone.
Ensuite, ça s’est déroulé comme se déroulent les goûters d’anniversaire. Faire davantage connaissance avec des parents sympas dans un coin du salon, en se braillant dans les oreilles pour essayer de couvrir le bruit des nains qui n’y vont pas de main morte. Faut dire que Barnabé, il ne s’est pas embarrassé de fioritures, y’a pas une ptite gonzesse. Que des futurs poilus. La pauvre petite cousine de quatorze ans qui avait prévu des activités s’est pris un râteau monumental.
Les discussions des parents sont entrecoupées de petites pauses du genre “Achille, tu t’excuses tout de suite d’avoir lancé cette petite voiture dans la tête d’Arsène !” ou “Non, c’est pas bien d’avoir arraché la cagoule de Spiderman de la tête d’Ambroise, tu lui as fait mal aux oreilles !” C’est vrai qu’Ambroise, il la tenait bien avec ses oreilles, cette cagoule, faut bien qu’il y ait des avantages à avoir des oreilles de koala.
Évidemment, nous sommes passés par le moment rituel du soufflage de bougies commémoratif. Et mon minus qui mange du gâteau au chocolat en buvant du jus d’orange. Deux substances qu’il a toujours refusé d’ingurgiter. Mais quand c’est sucré, il est prêt à faire des expériences.
En tous cas, samedi, j’ai rencontré des gens vraiment sympas. Je ne suis pas surpris, leurs enfants m’étaient déjà sympathiques.