Coller un bourre-tif

juillet 3, 2014 dans ma vie par Paf

Il y a quelques jours, j’ai mis sur FB une réponse du minus qui m’a beaucoup fait rire :

jusdefruit

Je lui ai expliqué la grande pauvreté de certains peuples, tout ça, en simplifiant. Sa réponse m’a fait réaliser à quel point parfois ce que nous disons à nos enfants peut être interprété par eux en se basant sur le peu qu’ils savent et en imaginant le reste. Ça m’a rappelé une émission qui passait à la télé quand j’étais petit où des enfants de primaire étaient interrogés sur divers sujets et t’en livraient leur version, amusante ou attendrissante (si quelqu’un se souvient du titre ou m’en retrouve des vidéos, je paye une bière à Faidherbe). Quand les enfants se trompent, j’aime bien essayer de comprendre comment ils sont arrivés à une conclusion, c’est la plupart du temps assez logique. Leur cheminement intellectuel me fascine. Leurs erreurs proviennent fréquemment de mauvaises compréhensions de choses entendues. J’ai longtemps cru que les femmes enceintes perdaient des os, je ne peux pas leur jeter la pierre. Je dis souvent au minus de me demander s’il ne comprend pas une chose que j’ai dite. Et comme j’affectionne l’argot, langage fleuri et imagé, je me retrouve régulièrement à expliquer ce que je viens de dire en de très longs monologues. Exemple :

- Papa, c’est quoi “lui coller un bourre-tif” ?
- Un bourre-pif ! Le pif, c’est le nez, en argot. Le blaire, le tarin, le pif, tout ça ça veut dire le nez. Un bourre-pif, c’est un coup de poing dans le nez. Et on dit “coller un bourre-pif”, comme on dit “donner un coup de poing”. Si tu dis “donner un bourre-pif”, ça ne sonne pas bien. Et j’aime pas l’expression “donner un coup” parce que “donner” pour moi, ça induit de la générosité, on n’attend rien en retour et celui auquel on donne est d’accord. Je préfère “coller” qui suggère que le bénéficiaire n’est pas consentant. Tu vois, je te donne un bonbon, mais le policier, il me colle une contravention.

Et là, faut que j’explique bénéficiaire, consentant et contravention.

Comme dans Casino de Scorsese, Nicky Santoro (Joe Pesci) dit : "Y’a beaucoup de trous dans le désert, et beaucoup de problèmes sont enterrés dans ces trous. Mais faut faire ça bien. Faut que le trou soit prêt avant que tu te pointes avec le paquet dans le coffre. Sinon, tu dois creuser pendant une demi-heure trois quarts d’heure. Et tu sais pas qui peut débarquer pendant ce temps là. Après, tu te retrouves à creuser d’autres trous. Un coup à y passer la nuit."

Ma copine Audrey a partagé cette vidéo d’Albert Dupontel que j’ai trouvée super et qui m’a fait beaucoup réfléchir, alors je la partage à mon tour.


Le livre qu’il cite est l'Éloge de la fuite de Henri Laborit.