Sa main sur ma jambe

septembre 2, 2014 dans ma vie par Paf

so-young
Le minus s’exclame souvent que c’est la première fois qu’il voit quelque chose, en vrai, de près, qu’il fait quelque chose, qu’il touche quelque chose, qu’il réalise des actions, qu’il fait des trucs tout seul, qu’il invente des machins. C’est sa richesse, ce champ immense de premières fois. Il ne s’en lasse pas. C’était un peu plus dur hier après-midi quand il a entrepris de me raconter les mille choses (rien que ça) qu’il avait inventées pour la première fois. Putain qu’il est bavard.

Je l’envie, de toutes ces nouveautés, ces découvertes. Il n’a pas fini de s’extasier.

Un des points culminants dans ma vie a été la découverte de l’émoi amoureux. Je suppose que ce n’est pas très original, que nous sommes tous passés par là. Ces premières fois là ont eu pour moi un goût inouï, m’ont laissé des souvenirs indélébiles. Je me souviens des filles qui me faisaient craquer et auxquelles je n’ai jamais osé rien dire, que je n’ai pas invitées à danser un slow, paralysé par ma timidité. Je ne faisais pas le premier pas, je remuais juste un peu les doigts de pied. Pas très efficace surtout dans des Doc Martens coquées.

Je me souviens de la première fille qui a posé sa main sur ma jambe, dans un autocar de colo, la paume immobile et la pulpe de ses doigts qui dessinaient des signes invisibles sur mon jean, de l’impression que mon cerveau était connecté uniquement aux quelques centimètres de ma peau qu’elle effleurait.

Je me souviens de la première fois où nos mains se sont frôlées, puis jointes, les doigts enlacés, le cerveau en apesanteur, l’envie que le moment ne finisse jamais. Cette période tellement grisante où chaque nouveau geste un peu plus osé que le précédent te met dans un état de bien-être total, absolu. La prendre par la taille, toucher son cou, ses cheveux, savourer chaque millimètre d’intimité découvert, tel un explorateur. Je ne me suis jamais précipité, miraculeusement conscient de la préciosité de ces instants.

Et quand la magie devait se rompre, pour des raisons aussi désespérantes que “parce que c’est l’heure de rentrer dîner”, là, le manque de l’être aimé devenait douleur physique, poids sur la poitrine qui m’oppressait, me coupait le souffle. Phase zombie taciturne, réponses monosyllabiques à l’entourage. Je vous parle d’un temps sans mail, sans SMS, sans rien.

eleanor&park

Toutes ces sensations, je me les suis remémorées en lisant un très beau bouquin : Eleanor & Park, de Rainbow Rowell. Une très belle histoire d’amour, sans eau de rose, juste des mots ciselés pour une histoire d’amour adolescente. J’ai d’autant plus apprécié que de nombreuses chansons qu’elle mentionne ont rythmé mon adolescence. J’ai eu celle-là dans la tête pendant une bonne partie de la lecture :

Attention, si tu ne vas pas au bout des deux minutes d’intro, tu rates une de mes chansons préférées DU MONDE !

Toutes ces sensations, je les souhaite intenses à mon préado qui rentre en 4ème, le minus a encore un peu de temps devant lui. Aujourd’hui, rentrée au CP, une autre aventure.