Des humains, des abeilles, des ruches

septembre 5, 2014 dans ma vie par Paf

nature

Tu m’as déjà entendu parler ici de mon souhait de laisser la planète dans le meilleur état possible à mes enfants, aux leurs, tout ça (aux tiens aussi, du coup, note au passage). Chaque fois que je regarde un documentaire qui m’explique comment nous flinguons la planète (c’est pas ce qui manque en ce moment) je me pose toujours la même question : les gens qui participent à cette destruction, ils s’en foutent pour leurs enfants ? Les lobbyistes, les politiques, ceux qui tentent d’extraire les dernières gouttes de pétrole de la planète au mépris de notre santé, ceux qui produisent des pesticides, des médicaments, des produits chimiques, ceux qui veulent privatiser le vivant et le modifier génétiquement, ceux dont l’industrie pollue, ils s’en foutent complet des conséquences de leurs actes ? De laisser une telle merde pour leurs enfants ? Ça me dépasse.

Et nous semblons tellement impuissants à changer le cours des choses que cela me désespère. Parce que l’argent dicte tout.

Mais puisque l’argent dicte tout, notre pouvoir, à nous les petits, c’est d’utiliser notre argent pour leur faire comprendre ce que nous voulons, c’est à dire en achetant les produits qui nous semblent les plus compatibles avec ce en quoi nous croyons. Ce sera long, ce sera lent, mais ça ne peut qu’aller dans la bonne direction.

Arte a diffusé un documentaire passionnant : l’urgence de ralentir. Je t’invite à le regarder.

Il sera rediffusé le jeudi 25 septembre à 8h55 (NE LOUPE PAS TON ENREGISTREMENT !) sinon, 3€ en location sur le site d'Arte, sinon en pire tout pire.

Si tu prends la peine de le regarder, tu y découvriras comment des gens, de par le monde, entrent en résistance, imaginent des solutions pour sortir d’un système établi nuisible. Je te défie de ne pas apprendre quelque chose.

Toujours est-il qu’une des idée auxquelles je suis particulièrement sensible, c’est celle de bien manger, en rémunérant celui qui fait de bons produits, bios, le plus proche possible de chez moi, et avec le moins d’emballage possible. Histoire de ne pas filer mon fric à un goinfre de distributeur, des publicitaires et des systèmes de production qui ne respectent ni les produits ni les gens auxquels ils les vendent. Histoire aussi d’ingérer le moins possible de produits chimiques.

Depuis quelques temps (grâce à Anne-Sophie, une lectrice devenue une amie), j’achète une bonne partie de ma nourriture à la Ruche qui dit Oui du 12ème arrondissement.

Une ruche, c’est comme un marché éphémère sur lequel tu viens chercher des produits de qualité à prix raisonnable.

Je t’explique comment ça fonctionne : d’abord, je me suis inscrit sur le site : www.laruchequiditoui.fr

Chaque semaine, ma responsable de ruche (coucou Jeanne) diffuse en ligne une sélection de produits fermiers (fruits, légumes, viande, fromage, laitages, pain, vin, miel... ). Au préalable, chaque producteur a fixé librement le prix juste de ses produits et le minimum de commandes à atteindre pour les livrer.
Les membres (les abeilles si tu suis) ont 6 jours pour passer commande sur le site, de façon très simple en cliquant sur les produits convoités. Pas d’obligation, pas d’abonnement : chaque membre de la Ruche est libre de commander ou non.
Une fois les commandes terminées, deux options :
1/ Le producteur a atteint son minimum de commandes, tout va bien.
2/ Il ne l’a pas atteint. Dans ce cas, il ne viendra pas livrer cette fois.
La veille de la distribution, chaque membre reçoit la liste complète de ses courses effectives et donc du montant débité.
Le jour dit, tu passes chercher tes courses, tu rencontres des gens sympas qui peuvent te parler de leurs produits, et des consommateurs sympas aussi.

Les producteurs sont sélectionnés dans un rayon de 250 km, nombre d’entre eux font du bio. Les fruits et légumes sont évidemment de saison. Pour les mangues et les bananes, c’est mort. Voilà. C’est une belle idée. Et les fruits et les légumes ont un autre goût qu’au supermarché. 83% de ce que je paye va au producteur, il n’a pas d’invendus, tout le monde est content.

Si tu veux trouver une ruche près de chez toi, clique là pour la trouver. Si elle n’existe pas et que tu n’as rien de mieux à faire, tu peux en créer une.

Au départ, je voulais relayer ici l’appel que nous a transmis Damien, l'apiculteur en Ile-de-France qui fournit notre ruche (comme tu vois, j'ai un peu digressé) :

 

Chères Abeilles, Chers Bourdons,Comme chaque année cette période de rentrée scolaire est l’occasion pour nous Apiculteurs de faire le bilan de la saison et de vous en faire part.Après un printemps précoce, et les espoirs associés, la déception fut grande ! Ni le colza, encore moins les acacias n’ont apporté de miellées satisfaisantes. Là-dessus s’est ajouté un été des plus pluvieux… la catastrophe en somme.Par conséquent, cette année encore nous faisons le bilan d’une année bien médiocre en production, des récoltes 30% moins importantes que l’année passée, qui était déjà 30% moins importantes que l’année 2012 qui était déjà faible…Bref, trois années consécutives de récoltes faibles pour ne pas dire médiocres. En cause les conditions météorologiques principalement, mais pas seulement…Difficile pour nous professionnels de l’apiculture d’envisager sereinement l’avenir, tant celui-ci est incertain. Ou plutôt tant il est certain que l’avenir n’est pas rose pour l’abeille.Car si de mémoire d’homme on a déjà connu des années à la météo capricieuse, ce n’était certainement pas avec des colonies d’abeilles fragilisées par un environnement aussi dégradé qu’aujourd’hui. La pollution de nos eaux, de nos sols et par conséquences de nos plantes associés à la disparition de la biodiversité florale (disparition des bosquets, des haies, …) ont affaibli depuis plus de 30 ans la santé de nos pollinisatrices préférées et fait disparaitre nombre de pollinisateurs anonymes (papillons, abeilles solitaires et autres bourdons, …).Cette pollution pernicieuse, tant elle est infiltrée sur tous les territoires et tant elle rapporte d’argent à quelques-uns, leur permettant d’en soudoyer quelques autres, pour avoir des autorisations d’en épandre davantage, pour leur en rapporter plus encore et continuer leur cercle vertueux (quand on sait que ce sont les mêmes groupes qui nous fabriquent les médicaments, nous permettant de soigner les maladies créées… on se dit que leur business plan est bien pensé).Si sur une année que l’on appelle maintenant « classique » (alors qu’elle aurait plutôt eu le terme de catastrophique il y a 30 ans), nous avons pris l’habitude de perdre de 30% à 50% de notre cheptel, l’affaiblissement de nos abeilles lié à des conditions météos défavorables depuis 3 ans nous cause aujourd’hui de 60 à 80% de perte de cheptel (là où elle n’aurait représenté que 30% avec des colonies fortes).Quand on sait que cette disparition massive d’abeilles (et par voie de conséquence des pollinisateurs en général) se joue à l’échelle mondiale et que la seule réponse proposée par « nos autorités » est « le syndrome d’effondrement des colonies »… On se dit FACILE.Face à une épidémie de peste, nos anciens n’ont pas pensé à formuler le problème de la sorte « syndrome d’effondrement des humains » afin de cacher les véritables causes. Le flou artistique, bien organisé, bien planifié avec une bonne communication permet de dévier toute analyse du problème et toute solution.Il y a quelques années, le Ministère laissait entendre que les pratiques apicoles étaient en cause.
Cible : l’apiculteur !
Quelle que soit sa forme, professionnelle, familiale, amateur, ses méthodes étaient remises en cause. Nous avons même reçu un document « Des bonnes pratiques apicoles ». Je ne renie pas l’intérêt d’un tel document et je veux bien me remettre en question professionnellement, c’est le cœur même de notre métier, chaque année on remet en question nos pratiques pour nous adapter au mieux à nos abeilles, aux fleurs et à la météo.Mais soyons honnête et réaliste, une disparition au niveau mondial de l’abeille n’est pas la conséquence de pratiques apicoles aussi diverses et variées qu’il y a d’apiculteurs, d’environnements, et de traditions apicoles au sein même déjà de notre pays, alors je vous laisse imaginer au niveau mondial, dans certains pays on élève les colonies dans des troncs de bois, des ruches en paille voire encore la cueillette sauvage.Le seul et unique changement qui s’est produit ces 20 dernières années à l’échelle mondiale est bel et bien l’uniformisation des méthodes agricoles par le biais des industriels préconisant, à travers le monde, l’utilisation massive de pesticides systémiques puissants, voire même ces 10 dernières années l’utilisation d’OGM adaptés à ces produits…Un autre environnement est indispensable à nos abeilles, aux hommes, au monde du vivant, mais soyons réaliste, ce ne sont pas les puissances économiques (non politiques) qui nous dirigent qui prendrons l'initiative d'un changement dans ce sens.C'est à nous consommateurs de l'initier.

 

L’agriculture intensive tue les abeilles. Et comme Einstein ne l’a pas dit : si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. Quand tu achètes du bio, tu refuses de payer ceux auxquels le productivisme impose d’utiliser des pesticides et des engrais. Tu sauves les abeilles, tu nous sauves tous.

Je termine en te présentant Claude Bourguignon au cas où tu ne le connaitrais pas. Ce mec est passionnant, tu peux trouver plein d'autres vidéos sur YouTube.

EDIT du 8 septembre

Je vous invite également à regarder le documentaire "Le monde selon Monsanto" de Marie-Monique Robin.

Vous pouvez aussi le trouver sur Youtube.