Gentil

juillet 7, 2014 dans ma vie par Paf

2005

Sur le partage d’un billet de Pied de Biche qui parlait des garçons gentils, je me suis engagé à répondre à la question de Violaine (de Vaire) qui me demandait si j’avais quitté le camp des garçons gentils. Pour répondre précisément, je vais devoir te raconter un peu ma laïfe en saupoudrant de psychanalyse à deux balles et t’expliquer ma théorie sur le sujet. Si t’en as rien à foutre, ce que je comprendrais aisément (t’as le droit de préférer les anecdotes de prout dans la baignoire), je t’invite à revenir un autre jour.

J’ai toujours placé la gentillesse parmi les qualités les plus importantes, elle induit le respect d’autrui, la tolérance, le principe de ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’ils nous fassent. Sans être croyant, j’aime à penser que le bien que nous faisons nous revient d’une manière ou d’une autre.

Ma théorie : je crois que les gens beaux (ou suffisamment avenants pour être convaincus de l’être), dont le corps est dans les critères des magazines, ne passent pas par certaines étapes, ou difficultés, et que cela influe sur leur mentalité.

Ado, j’avais une très mauvaise image de moi. L’estime dans les chaussettes. J’étais convaincu d’être moche, gros et qu’il faudrait que les filles soient folles pour s’intéresser à moi. Ajoute à ça une peur panique du râteau, et tu peux imaginer mon adolescence : j’ai compté mes relations amoureuses sur les doigts de la main. Inconsciemment, j’ai commencé ma vie d’adulte en me disant que j’avais intérêt à être gentil avec celles qui ne se sauvaient pas en courant. Au lycée, on m’a orienté vers un bac G3 (commerce, peu glorieux) pour sanctionner une forme d’indiscipline et malgré des notes très élevées en sciences. Des études courtes, je ne devais donc pas être très malin. J’ai donc fait partie à cette époque des garçons qui sont d’accord pour tout, avec un avis réversible à la demande de l’autre. Je me suis marié une première fois à vingt-cinq ans. Comme je ne savais pas dire non, qu’elle voulait se marier et des enfants, j’ai opté pour le choix le moins lourd en conséquence. Nous nous sommes séparés huit mois après.

Je ne regrette rien. Chaque choix (ou non-choix) m’a amené à la vie que je mène aujourd’hui, a fait que j’ai fini par rencontrer MQB, en ayant préalablement appris à m’estimer, à savoir ce que je voulais et surtout ce que je ne voulais plus. Les quelques histoires qui ont duré m’ont appris des choses sur moi. J'ai ressenti un énorme déclic à la naissance de préado, j’ai décidé que j’étais moi, que je n’avais rien à envier à personne, personne dont je devais me sentir inférieur. J’ai pris conscience de mes capacités.

J’ai donc arrêté d’être un gentil con-con conciliant, je n’ai pas arrêté d’être gentil. Mais j’ai mes goûts, mes convictions, mes plaisirs, auxquels je ne renonce plus pour personne.

MQB, si son parcours est différent, a vécu les mêmes refus de l’avenir qu’on avait décidé pour elle. Nous nous sommes rencontrés au meilleur moment possible : après être passés par des étapes qui nous ont structurés l’un et l’autre. Devenus capables de savoir de quoi et de qui nous avions envie. Et nous nous sommes drôlement bien trouvés. Je sais que notre couple durera, car je ne fais aucun effort pour être bien avec elle et elle me dit que c’est la même chose pour elle. Nous savourons les moments que nous passons ensemble, nous nous laissons des plages disponibles pour faire ce qui n’intéresse pas l’autre. Nous nous respectons. Elle m’a par exemple incité à partir au Vietnam sans elle parce qu’elle savait que c’était ce dont j’avais besoin. Nous ne nous devons rien, nous nous apportons beaucoup.

Compte-tenu de mon expérience, je ferai tout ce que je peux pour que mes enfants aient confiance en eux. Je ne laisserai jamais le système éducatif ni rien d’autre faire douter mes enfants de leurs capacités, de leurs qualités. Je souhaite qu’ils ne se sentent supérieurs à personne, inférieurs à quiconque.

La photo est un clin d’œil pour MQB, c'est elle qui l'a prise.