Si t’es mon pote, tu perds

avril 9, 2014 dans ma vie par Paf

coocoo

C’est étrange. Je croyais que c’était terminé. Tout était rentré dans l’ordre. Et c’est revenu de plus belle : le minus ne supporte de nouveau pas de perdre. Bizarre ce revirement. Alors que je l’ai vu prendre des grosses pâtées stoïquement, à plusieurs jeux différents. Ça faisait plusieurs semaines que cela ne semblait plus l’affecter. Et d’un coup, c’est reparti pour le drame si la défaite approche.

Un jour qu’il jouait avec son frère et sa tata à Panique au poulailler (grand jeu de stratégie gallinacée à base d’ascension de bottes de paille à coup de dé), voyant sa victoire plus que mal barrée alors que son frère était à un coup de la victoire, il a décrété qu’ils faisaient en fait partie de la même équipe que son frère contre sa tata. Et depuis ça dégénère souvent. Ou il change la règle : c’est celui qui a le moins de paires qui gagne le Memory. Ben voyons.

Le lendemain, toujours au Memory, il dit à sa mère “à chaque fois que je soulève une carte et que tu t’en souviens, c’est tricher”.

Comme je suis gentil, il m’arrive même de tricher pour le laisser un peu gagner. Histoire de faire une moyenne avec son frère qui le déboîte sans états d’âme. Quand nous jouons à trois, faut vraiment que le minus soit miro pour ne pas voir mes mimiques et froncements de sourcils adressés à son frère pour qu’il ait un tant soit peu pitié de lui.

Et je ne sais pas si tu as remarqué, mais les enfants (et l’humain en général) digèrent mieux une défaite “de justesse” qu’une grosse branlée.
Le pire, ce sont les jeux de hasard pur, comme le cochon qui rit. Il m’est arrivé de faire le grand chelem : tu lances les dés et tu fais un six puis des as sans arrêt, la tête de ton enfant se décompose à chaque fois que tu ajoutes une oreille à ton cochon, et tu finis ton cochon avant même qu’il ait pu prendre le sien. Bravo Dujardin, c’est ce qui s’appelle de la pédagogie douce. Il ne reste plus qu’à finir par une phrase gentille du genre “Rholàlà c’te pâtée nucléaire que j’viens d’te mettre ! T’as même pas touché ton cochon ! Bon ben au lit puisque t’as perdu !” Succès garanti. Je précise que la dernière phrase est pour de rire, je ne menace pas mon enfant de lit.

C’est d’autant plus difficile de ne pas toujours gagner que tu conviendras avec moi que les enfants ne sont pas très doués. Le mien, en tous cas, avec sa précocité psychomotrice qui lui permet de ne pas encore sauter aisément à cloche-pied à cinq ans. Perso j’en ai rien à foutre. À la place il ne trébuche pas sur le présent du subjonctif, chacun sa discipline de prédilection. Je n’ai jamais rencontré un adulte qui avoue ne pas savoir sauter à cloche-pied (MQB ne l’avouera jamais), même si dans la vie active, c’est assez peu utile. Tu connais une entreprise qui choisit son comité de direction à la marelle ? Ce que je veux dire, c’est qu’il saura tôt ou tard. Bon, tard, a priori.

Si je n’adapte pas mon niveau de jeu au tien, toi enfant, tu n’es pas prêt de me battre au mikado, au Docteur Maboul, au goûter des monstres, au bourricot…

La solution, ce sont les jeux de coopération. Nous sommes ensemble, nous perdons ou gagnons ensemble. Chez ses grands-parents, il a le verger d'Haba. Ici, nous avons Hop ! hop ! hop ! de Djeco.

Je mets des liens vers des boutiques pour vous montrer ce que c’est si vous ne connaissez pas parce que le site d’Haba ne parle pas du verger et celui de Djeco est tellement joli que je n’y trouve absolument rien. Vous achetez où vous voulez, moi je préfère les trouver en vide-grenier ou d’occasion.

Le titre fait référence à cette chanson de Renaud à laquelle j’ai pensé en écrivant ça.