Petit lexique à l’usage des nouveaux venus (mais tu peux lire quand même si tu me connais depuis un bout de temps)

août 28, 2013 dans ma vie

D’aucuns l’auront peut-être remarqué, mon compteur FB a pris un gros coup de boost ces derniers jours, grâce à Serena (des Legos dans ses Louboutin) et à sa phobie d’un chiffre que je ne citerai pas pour lui être agréable. Quelques commentaires m’ont  donné l’idée de faire un petit glossaire de mon univers, et de me présenter un peu. Pas trop non plus. Tel un superhéros masqué et moulbité, je tiens à mon identité secrète. Je précise que le dessin réalisé par Papacube est le fruit de son imagination. Précision ultime : je te tutoie et t’invite à en faire de même si tu m’écris. C’est parti pour le lexique.

Minus : petit individu âgé de quatre ans et demi, de sexe masculin malgré les nombreuses confusions liées à sa chevelure. Pendant ses années de crèche, il a souvent été considéré comme bizarre, car il a une fâcheuse tendance à ne rien faire dans la moyenne, toujours plus tôt ou plus tard que son groupe d’âge, et a une capacité à ignorer les gens qui ne l’intéressent pas (à tel point qu’une quiche psychomotricienne l’a même soupçonné d’autisme). Au final, le minus est relativement normal : il n’aime pas les légumes, se coucher tôt et arrêter de jouer, il refuse systématiquement de prendre son bain, puis refuse systématiquement d’en sortir. Extrêmement sociable avec ses congénères si ceux-ci ne lui collent pas des tartines.

Préado : individu âgé de douze ans, demi-frère aîné du minus. Également doté d’une chevelure lui permettant de bénéficier de “bonjour mademoiselle” dans toutes les bonnes boulangeries. Il est mon fils et pas celui de MQB (voir plus bas), il vit la moitié de sa vie avec nous (une semaine sur deux). Lui aussi est relativement normal : il déteste se laver, se coiffer, se réveiller. Il aime jouer à World of Warcraft et League of Legend, les mangas, se coucher plus tard que son petit frère. Il rentre en cinquième et a eu jusqu’à présent des résultats scolaires irréprochables. Passionné par l’animé Hajime no Ippo, il commence la boxe anglaise à la rentrée, car contrairement à moi, il aime le sport.

MQB : Mère qui Bosse. Surnom donné dans mes récits à celle qui m’accompagne depuis maintenant huit ans. Je n’aime pas dire “ma femme”, la notion de possession que cela induit me déplaisant. Mais j’aime encore moins dire autrement (et j’ai passé l’âge de dire “ma meuf”). Nous nous complétons terriblement. Elle s’en sort drôlement bien dans le rôle de la marâtre de la famille recomposée. Comme son nom l’indique, elle bosse. Par opposition à moi qui ai arrêté. Si elle n’inondait pas le tour de l’évier chaque fois qu’elle ouvre un robinet, elle serait parfaite. Si tu veux lui faire plaisir, dis à tes amis d’aller aimer ma page FB, l’augmentation de mon compteur étant sa plus grande source de joie depuis qu’elle se prend pour ma chargée de comm’.

Paf ! le P.A.F : J’ai quarante-trois ans pour encore quelques jours, je vis à Paris dans le onzième arrondissement. J’ai arrêté de travailler il y a un an jour pour jour (après vingt-trois ans à la fnac), j’occupe le rôle de père au foyer, et j’adore ça. En mars, j’ai créé ce blog, au départ constitué uniquement de GIF animés que je créais moi-même, et j’ai pris petit à petit goût à l’écriture. J’aime truffer mes textes de liens hypertextes. J’aime la photo, le ciné, les séries, beaucoup de musique, l’informatique en général. Je ne consacre plus de temps aux jeux vidéo, mais en ai fortement abusé pendant de nombreuses années. Assez sociable online, je le suis moins dans la vraie vie. J’achète tout ce que je peux en bio, en recyclé, en recyclable, je répare, je donne ce qui ne me sert plus, dans l’espoir de moins péter la planète que la moyenne. J’ai une grosse moto parce qu’il faut bien que je mette ma testostérone quelque part.

Les question fréquemment posées :
Oui, j’ai choisi d’être père au foyer
Non, je ne cherche pas de travail
Non, je ne m’emmerde pas une seconde
Oui, tu m’emmerdes avec tes questions

Et pour en savoir plus, ben t’as qu’à lire le reste.

J’ai douze ans

août 23, 2013 dans ma vie

J’ai douze ans, c’est le dernier jour des vacances. Mes parents démontent l’auvent de la caravane. Dans l’aire de jeux du camping, je meurs d’envie de t’embrasser, mais ma timidité m’empêche de te le dire ou de te le faire comprendre explicitement. Et comme tu es aussi nouille que moi, tu feins de ne pas comprendre davantage toute la communication non verbale qui hurle que j’ai envie d’être un instant seul avec toi, que j’aspire à des jeux interdits, que je voudrais découvrir ce que ça fait de poser mes lèvres sur les tiennes. J’imagine ça doux, voluptueux, délicieux.

Mais ça n’arrivera pas.

Trop timide.

Mon drame.

Nous finirons la journée en nous chamaillant, nous arrosant au pistolet à eau, déjà ravis de ces jeux de regards, ces œillades qui ne trompent personne à part nous. Et demain, quand la voiture de mes parents passera devant ta caravane en quittant le camping, j’aurai cette boule dans la gorge, une petite boule de regrets, au goût amer de fin de vacances.

Regarder préado prendre le même chemin me navre.

Fonce, préado, ne crains pas les râteaux, redoute plutôt les regrets, ils font plus mal, plus longtemps.

Retrouvailles

août 5, 2013 dans ma vie

Hier, j’ai récupéré préado après la partie des vacances passées avec sa mère. Je suis allé le chercher à l’arrivée du train, pendant la sieste du minus. Préado a attendu la fin de la sieste en lisant des BD qui foisonnent chez ses grands-parents d’adoption. Quand le minus s’est réveillé, la première chose qu’il m’a demandé, c’est “il est arrivé, préado ?” Quand je lui ai dit que oui, il a bondi de son lit, et a foncé le voir.

C’est toujours un bonheur de les voir se retrouver, ces deux-là. Un des rares plaisirs que connaissent peu les enfants de familles pas décomposées : les retrouvailles.

Quand je croise un vieux “pittoresque” de mon quartier

juin 25, 2013 dans ma vie

Ce matin, je me suis fait agresser. Pas physiquement. Moralement. Par une figure pittoresque de mon quartier.

Tu sais, ces vieux qui parlent fort, pour que tout le monde les entende bien, pas seulement parce qu’ils sont durs de la feuille. Ceux qui passent une plombe devant toi, à essayer de taper le bout de gras avec la petite caissière qui n’en a rien à secouer, qui les subit tous les jours et mérite par là même une béatification d’office. Ceux qui dégainent leur porte-monnaie après qu’on leur ait dit ce qu’ils doivent payer, comme s’il n’était pas prévisible qu’il allait falloir le sortir pendant qu’ils poireautaient. Ceux qui te prennent à témoin de leurs bons mots qui ne le sont pas, ces champions du proverbe à deux balles, du lieu commun éculé, ces gardiens des traditions séculaires, des us et coutumes (selon lesquelles par exemple un garçon doit avoir les cheveux courts, je sais, c’est un leitmotiv en ce moment, mais j’ai vraiment du mal), qui se croient météorologues, sociologues, économistes et politologues chevronnés sous prétexte qu’ils lisent le Parisien. Qu’ont tout compris à tout et envisagent de partager avec toi cette somme de savoir et d’expérience considérable.

Ce matin, j’allais rentrer chez un marchand de journaux quand une figure pittoresque s’est appuyée au chambranle de la porte, l’obstruant ainsi complètement, et a commencé à interpeller la buraliste haut et fort à propos d’une éventuelle remise pour achat groupé de tickets de Banco qui se voulait humoristique. Celle-ci, que j’apercevais sous le bras de l’individu, semblait apprécier autant que moi l’humour de son client, mais souriait de ce sourire de politesse que tu fais à tous ceux qui t’emmerdent, tu peux pas passer ta vie à te fâcher avec tes contemporains. Surtout quand t’es commerçant. La “figure” semblant ne m’avoir pas vu et être prêt à continuer à déblatérer, je me fendis d’un gentil “excusez-moi” pour pouvoir passer. Qu’est-ce que je n’avais pas dit là ! J’avais osé couper la tirade du maestro de mercerie et autres commerces de proximité ! Il me jeta un regard mauvais et déclama "il est pressé ?" à la cantonade. J’adore qu’on me parle à la troisième personne. Vraiment, y’a pas beaucoup mieux pour moi. Je lui répondis donc en m’adaptant à son registre que "Non, il est pas pressé, mais c’est pas une raison pour qu’il attende devant la porte, d’autant qu’il n’a pas la moindre idée de la durée du sketch". J’avais sorti vraiment beaucoup trop de mots pour qu’il puisse me répondre quelque chose de péremptoire.

Retiens cette technique, préado : si on attend de toi une réponse courte, motivée par une question fermée (note pour les jeunes : une question fermée est une question à laquelle on ne peut répondre que par oui ou non, par opposition à une question ouverte, par exemple “comment va ton transit intestinal ?”), fais-toi le plaisir d’une réponse riche et nourrie. Ton interlocuteur en perd souvent son fil, ce qui au final te fait gagner du temps.

Il a donc préféré ne pas jouter verbalement avec moi, s’est poussé pour me laisser passer tout en entreprenant de ressortir son bon mot à la buraliste, qui n’avait pas dû l’entendre puisqu’elle n’avait pas ri aux éclats. Fin de l’anecdote.

J’étais de bonne humeur avant ça.

Ce sont souvent les mêmes qui essayent de toucher ton enfant, de lui pincer bonhomement (que j’invente d’avec bonhomie) la joue, ou de lui passer la main dans les cheveux avec des airs faussement gentils dont ils ne sont pas dupes, les lardons. Merde, qu’est-ce que c’est que ce principe selon lequel on peut se permettre avec un enfant ce qu’on ne ferait jamais à un adulte ? Touche pas à mon gosse ! Un jour, faudra que je me fasse le plaisir d’en ébouriffer un ou une qui aura réussi à le faire au minus sans que j’ai le temps de l’en empêcher. Comme dirait Barney : Challenge Accepted !

Les figures pittoresques du quartier me font chier.

Ça ira mieux demain. Demain, je leur retrouverai des circonstances atténuantes, je me dirai qu’ils sont sûrement très seuls, que ce doit être dur, la grande ville impersonnelle pour une personne âgée.

Oui, demain, ça ira mieux.

Mon voisin qui n’aime pas DaftPunk ce matin.

mai 14, 2013 dans ma vie

Je l’ai déjà dit dans des billets précédents, MQB n’est pas la mère de préado.

C’est pas facile, les familles reconstituées. Ça ne l’a pas été pour préado. J’ai quitté sa mère quand il avait trois ans. Il a connu MQB quand il en avait quatre. Depuis très longtemps, il passe la moitié du temps chez sa mère et l’autre avec nous. Jusqu’à l’âge de sept ans, il a vécu ça plus ou moins bien en tant que fils unique. Et puis badaboum. Il s’est retrouvé grand frère de deux machins (un de chaque côté) à trois mois d’intervalle. Deux garçons. Très différents. Les appartements parisiens étant ce qu’ils sont, il partage ses chambres. Comme perte de privilège, ça se pose là. Passer de tout seul à grand frère qui doit comprendre qu’un bébé, ça prend du temps, ça impose un rythme, ça se réveille tôt (alors que lui plus).

C’est pas facile, les familles reconstituées. Ça ne l’a pas été pour MQB. Quand j’essaye de m’imaginer à sa place, je me dis que ç’aurait été très difficile pour moi. La part subtile qu’elle prend à l’éducation de préado, sans jamais prétendre remplacer sa mère. Parce que vivre sous le même toit, ça implique de respecter des règles. Nos règles. Qui sont probablement différentes de celles que préado a dans son autre bout de famille.

Je ne sais pas qui est le con qui a appelé ça les beaux parents, parce que ce n’est pas vraiment le beau rôle. Y’a qu’à voir les belles-mères dans les Disney. T’en connais une sympa, toi ? Et puis sur le plan légal, les beaux parents ont essentiellement le droit de fermer leur gueule, ce qui est profondément injuste. Espérons que le projet de loi (disponible en bas de cet article) améliorera leur reconnaissance.

Malgré ça, quand je me prends la tête avec la mère de préado, je me dis que j’aimerais ne pas avoir eu d’enfant et qu’elle (MQB) en ait eu un avant moi, que ce soit moi le beau-père, que ce soit elle qui se prenne la tête avec son ex bouffe-la-rouille parce que tu ne vois jamais revenir les belles fringues que tu achètes, enfin si, quand elles sont trop petites.
Ça passe vite, ça passe dès que je suis avec préado parce je l’aime. Et que j’ai envie de lui faire sentir le moins possible les dissensions avec sa reum. Parce que lui, il a déjà assez subi l’histoire.

C’est pas facile, les familles reconstituées. Aussi je trouve qu’on s’en sort pas trop mal. Nos deux garçons s’adorent. Vraiment. Préado est toujours gentil et bienveillant envers le minus, qui lui rend ça en gros câlins. Moi qui suis fils unique, je leur envie ça.