La raison du plus con

avril 25, 2014 dans ma vie par Paf

bete

Zoo de Beauval, dans un fast-food au fond du parc, près du spectacle des oiseaux, vers treize heures. Nous arrivons juste avant la fin du spectacle. Lorsque nous quittons la caisse chargés de nos plateaux, tous les gens qui sortaient de ce spectacle sont arrivés et ont squatté les tables en y posant qui un vieux, qui des enfants. Ceux qui comme nous cherchent une place à ce moment n'en trouvent pas puisqu'elles sont remplies de gens qui ne mangent pas.

Las de chercher, nous finissons par prendre la moitié d'une table de huit occupée par deux enfants. Ils nous disent qu'ils sont huit, je rétorque que nous devons bien manger quelque part et nous nous installons. Quand la mère arrive avec d'autres enfants, il y a forcément motif de discorde. Je vous dispense des arguments stériles des deux camps, nous ne pouvons pas être d'accord. Le ton monte vraiment entre les deux femmes au moment où le mari arrive. À ce moment-là, nous sommes déjà debout pour partir, mais MQB ne peut s'empêcher de dire à l'autre que ses enfants sont mal élevés puisqu'ils nous ont assez mal parlé quand nous avons réquisitionné la place.

Je hais les conflits. C'est la raison pour laquelle je me suis levé. Certains abrutis y verront de la faiblesse. Je me fous de l'avis d'autrui. La devise que j'ai faite mienne est "ne parle pas aux cons, ça les instruit".

Alors qu'entre meufs, l'altercation reste au niveau verbal, le mec, lui, semble décidé à en coller une à MQB pour cause d'insultes à sa progéniture, donc à ses techniques d'éducation, donc à son système de valeur. Tout ça est un peu plus instinctif chez lui, mais il pose son plateau et s'approche de MQB avec l'air suffisamment menaçant pour que son épouse le tire en arrière en l'enjoignant d'un ton mi-suppliant mi-ordonnant de renoncer à son projet. Et quand tu la vois faire, tu te dis que ce n'est pas la première fois qu'elle se retrouve dans cette situation.

MQB est paradoxale : elle qui craint les mouches et tant d'autres choses est complètement inconsciente du danger quand elle invective le mec en lui disant “tu vas faire quoi ? Tu vas me taper ?" d'un ton provocant.

Mon instinct me dit que si je prends part à l'altercation, ce bas du front n'aura pas le peu de scrupules qui l'empêchent de se jeter sur une femme devant nos enfants et les siens, et que son gabarit de livreur de congélateurs pourrait constituer une menace sérieuse pour mon intégrité physique.

Depuis toujours, je prône la supériorité de l'intelligence sur la violence. C'est la raison pour laquelle je préfère battre en retraite dans certaines situations. Une part de moi rêverait de démonter comme Jason Bourne ce genre de connard grâce à des techniques de close-combat. L'autre part aurait trop honte de recourir à cette violence même si j'en étais capable. Que la raison du plus fort soit la meilleure, je l’admets pour des animaux, pas pour nous.

Comme je le supposais, nous sommes sortis et ça s'est fini là. Nous avons fini notre repas assis sur des rochers dehors.
Mon moment préféré ? Quand MQB, encore sur les nerfs, m'a demandé si j'allais la laisser taper sans rien faire.

Elle est indécrottable. Face aux rustres. Face à la maréchaussée également. Cette histoire m'a rappelé la fois où je me suis fait arrêter avec elle en voiture parce que j'avais mon téléphone dans la main. Moi je connais l'histoire, je dis "oui, monsieur l'agent" et je tends mes papiers.
Elle, elle invective le flic en lui disant que je ne téléphonais même pas (ce qui était vrai), qu'il n'a vraiment que ça à foutre. Et là, le flic commet l'irréparable : il me dit "Dites donc, vous lui dites de se calmer à vot'femme !" Elle repart de plus belle, "il ne peut pas s'adresser à moi directement ? Il ne peut parler qu'à ce qui a des couilles comme lui ? Le monsieur t’explique que tu (moi) sais pas me tenir en laisse ?"

Ce jour-là, j'ai cru que nous allions finir en garde à vue au lieu de nous prendre un petit PV.

Depuis, lorsque nous croisons la police, je lui ordonne de ne pas ouvrir la bouche. Ma conception de la moindre emmerde. Je sais qu'elle a raison, nos convictions sont les mêmes, simplement il y a des moments où il est tellement plus simple de fermer sa gueule.

Sinon, Beauval, c’est terrible. Il faut bien deux jours pour en faire complètement le tour tant il y a d’animaux à voir. Dommage que cette anecdote m’ait gâché une partie de la journée. Et ré-écoute ça, c'est bon.