Laisse aboyer les chiens
décembre 26, 2013 dans ma vie
Je reviens d'un séjour de onze jours au Vietnam. J'ai adoré ce voyage. Le dépaysement a été total. J'ai découvert un peuple bienveillant, accueillant et solidaire. J'ai découvert des lieux incroyables. Comme il n'était pas possible pour moi de tout voir, j'ai choisi de passer quatre jours au nord (Hanoï et la baie d'Ha-Long, mon principal objectif) et sept au sud (Saïgon, le delta du Mékong et enfin l'île de Phu Quoc). J'étais seul au nord, puis je rejoignais un couple d'amis de longue date et leurs deux garçons au sud.
Aujourd'hui, je vais te raconter une anecdote qui m'est arrivée dans la baie d'Ha-long.
L'île de Cát Bà est la principale île située dans la baie d'Ha-Long. C'est le point de départ de prédilection pour visiter la baie, là où sont les hôtels également. Comme je déteste ce qui est bétonné et blindé de touristes, j'ai opté pour un hôtel à l'intérieur des terres, loin de tout. En cette basse saison touristique, j'ai été servi. Deux couples en tout et pour tout dans l'hôtel. Comme je suis arrivé en début d'après-midi à l'hôtel et que j'avais prévu de passer toute la journée du lendemain dans la baie, j'ai décidé d'explorer la campagne environnante de l'hôtel. Le patron m'a indiqué un sentier qui partait à travers les collines. Je l'ai pris et à chaque bifurcation, je prenais le chemin le plus escarpé, le plus étroit. Il s'est mis à pleuvoir assez abondamment, mais j'avais prévu un petit parapluie pliant qui m'a rendu bien service. Soudain, au bout de plus d'une heure de marche, j'ai entendu des aboiements. Puis j'ai vu des chiens arriver, assez hostiles, mais pas très gros. Je n'ai pas peur des chiens, mais quand ils ont fini par être huit ou dix, commençant à m'entourer, j'ai commencé à flipper un peu. Je devais être marrant à voir, à interposer mon parapluie entre les chiens et moi, tournant sur moi-même tel Indiana Jones avec sa torche au milieu des serpents. C'est à ce moment-là que ma sauveuse est arrivée. Une femme dont je ne saurais dire l'âge. Elle a engueulé ses chiens, les a fait se calmer et m'a fait signe de venir avec elle. Je l'ai suivie vers sa maison. Quatre murs dont un percé de deux ouvertures, un toit de tôle, un carré de planches surélevé faisant office de lit, des chaises en plastique. Pas d'électricité, pas d'eau courante. Elle m'a fait rentrer dans sa maison au milieu de la jungle, m'a invité à m'asseoir et m'a préparé du thé. Elle est allée rincer ses tasses à un petit récipient posé sous une grande feuille pour recueillir l'eau de pluie. Ne comprenant pas sa langue, nos échanges ont été très limités. Elle m'a ensuite offert des caramboles, un joli fruit en forme d'étoile. Par signe, je lui ai demandé si je pouvais la prendre en photo pour garder un souvenir de ce moment. Elle a accepté. La voici.
Comme je n'avais rien d'autre à lui offrir en retour, avant de partir, j'ai posé un billet sur sa table. Elle m'a raccompagné sur le chemin jusqu'à ce que ses chiens ne me suivent plus. J'ai beaucoup pensé à cette femme depuis, à sa générosité, me demandant quel accueil j'aurais eu si j'avais débarqué de la même manière près de chez quelqu'un en France, en n’ayant pas la même couleur de peau.
PS : le titre fait référence à une sublime chanson de Biolay.