Quand le minus veut aller au manège Disney Palace des Sables-d’Olonne

juin 19, 2013 dans ma vie par Paf

Aujourd’hui, nous allons aborder un sujet de société, qu’aucun parent ne peut occulter : les manèges pour enfant. Le manège est aux enfants ce que la drogue est aux Freak Brothers, ce que le “au jour d’aujourd’hui” est à ton collègue de bureau : un truc dont ils ne peuvent se passer même s’il est pourri.

Étant possesseur d’un minus en état normal de fonctionnement, il m’est impossible de passer à proximité d’un manège sans devoir m’y faire racketter. Parfois, je le fais de bon cœur, parce que le manège est chouette. Carioca 2000, près de la Nation, sur le cours de Vincennes, fait partie de ceux-là. Il est beau, les véhicules y montent et descendent le long d’une petite route, tous les boutons bruyants fonctionnent : le train fait tchou-tchou, la voiture de pompier pimpon et la voiture de Barbie pouf. Bref, l’enfant en a pour ton argent.

L’autre manège de prédilection du minus, c’est le manège de Pierrot près du jardin de Reuilly. C’est le modèle classique de petit manège rond. Le propriétaire est un animateur hors pair du pompon. Il transforme ce moment en truc joyeux, avec des rebondissements, il les répartit avec équité. Le propriétaire est plus pittoresque que le manège, mais je comprends que les nains adorent. Bon, Pierrot, il est gentil, mais c’est un psychopathe de la sécurité. Avec lui, faut pas s’aviser de mettre les deux mains en l’air pour attraper le pompon ou se pencher d’un véhicule. Il t’arrête le manège en engueulant les parents. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il a vécu un truc traumatisant pour être aussi raide. Ou alors il n’a pas d’assurance.

Il y a malheureusement une autre catégorie de manège, ceux qui sont pourris et tenus par des gens que ça fait clairement plus chier que toi d’être où ils sont. Et dans cette catégorie, je remets ma palme du manège le plus pathétique, le plus déprimant au manège de la promenade Georges Godet des Sables-d’Olonne. Attention de ne pas confondre. Aux Sables, sur le bord de mer, il y a deux manèges : un beau, rétro, à deux étages, avec de très beaux véhicules, des chevaux qui montent et qui descendent et des musiques d’ambiance appropriés. Et puis il y a l’autre. Le Disney Palace.

J’ai des doutes sur le fait que Disney cautionne ça de près ou de loin.

Ce manège est post apocalyptique. D’ailleurs, la proprio a dû être irradiée pour être aussi léthargique. Déjà qu’elle n’a pas un physique facile, mais je ne l’ai jamais vue souriante ou neutre. Non, elle tire la gueule quand tu achètes des tickets, elle tire la gueule quand elle ramasse les tickets des enfants, elle tire la gueule quand elle lance en moins de cinq secondes le pompon dans la tête du premier enfant qui passe, elle tire la gueule en raccrochant la ficelle du Mickey pourri et déchiré auquel elle accroche son pompon en lambeaux, et elle tire encore la gueule en se rasseyant jusqu’à la fin du tour. Sur son manège, quasiment tous les véhicules sont cassés, bancals, les deux tiers des ampoules sont mortes et elle a dû péter elle-même tout ce qui pouvait faire du bruit dans les voitures. Tout ce que tu entends, ce sont des grincements sinistres, parfois sommairement couverts par un best of de François Valéry que tu hésites à savoir ce que tu préfères, des grincements ou de la musique. Je ne crains pas un procès, car tout ce que je dis est rigoureusement exact.

Bref, minus, moi vivant, tu ne refoutras jamais un pied dans ce piège, ça t’évitera de choper le tétanos sur un vieux bout de ferraille rouillée.

Je reviens deux secondes sur le “au jour d’aujourd’hui” mentionné au début, parfois sublimé en “à l’heure d’aujourd’hui” par quelques sommités du monde intellectuel moderne, juste pour te dire non, faut pas dire ça Jean-Pierre, même “malgré que” est moins douloureux.