Karma guidon

septembre 25, 2015 dans ma vie par Paf

velib

Hier, 11h15. Je pars à la piscine. J’ai ma pièce de un euro. Dans cette piscine, pas de pièce d’un euro, pas de vestiaire. J’écoute le premier album d’Albin de la Simone, celui éponyme de 2003. Le duo “Elle aime” avec Feist est un régal. Je prends un vélib à la borne. Je débute dans le secteur, mais je commence à ressembler à un maquignon qui choisit un cheval. J’ai remarqué qu’une selle en travers est signe que la bête est vérolée. Je tapote les pneus du bout du pied, je regarde si les poignées et le passage de vitesse sont en état, je teste les freins, je soulève l��arrière et donne un coup de pédale pour voir si ça tourne. Une fois la monture choisie, je baisse la selle, j’enfourche et roule tranquille jusqu’à la piscine, à un gros kilomètre de là. Je me gare à cent mètres de la piscine, y arrive sous quelques gouttes. Tain, y’a plein de monde à l’ouverture. Pendant que je commence à faire la queue, je cherche mon portefeuille pour sortir mes papiers et là, plus de portefeuille. Je vérifie tout mon sac et toutes mes poches en étant presque sûr qu’il était dans la poche gauche de mon blouson et qu’il a dû tomber pendant le trajet. Pas de papier, pas de thune, pas de piscine. De toute façon je suis trop dégoûté pour aller nager. Je repars en reprenant le trajet en sens inverse à pied (ben oui, j’ai pas ma carte vélib) en scrutant la chaussée dans l'espoir illusoire que je tombe dessus . Il pleut très fort, ça commence à traverser mon blouson. Je retourne jusqu’à mon point de départ. Je demande au kiosque situé près des vélibs si quelqu’un n’a pas trouvé un portefeuille. Je descends dans la station de métro pour poser la question. La préposée cornaque une famille ibère trapue pour les aider à acheter des pass trois jours à l’aide de Google translate sur l’écran de son ordi. Elle ferme son guichet pendant qu’elle va avec eux à la machine, continue à faire le truc pour eux, puis revient à son guichet avec le patriarche qui a des poils dans les oreilles plus longs que ses cheveux et des cartes bancaires sans puces. Du coup, la dame frotte deux fois la carte sur sa manche avant de réaliser que ça ne sert à rien puis elle parvient quand même à l’encaisser. C’est enfin mon tour, est-ce que quelqu’un bla-bla… - non, pas ce matin. C’est mort. Plié. En remontant l’escalator pour sortir du métro, je commence à recenser ce que contient mon portefeuille et ce que ça implique pour faire refaire tout ça. Opposer ma CB, déclarer la perte, faire refaire tout, carte de sécu, permis de conduire, assurance moto, je suis phobique de la paperasse, je ne vais pas y arriver, je suis paralysé des démarches, tétanisé de procédures administratives, figé. Je rentre chez moi, j’explique à MQB la galère, commence sur l’ordi la liste de ce que contient mon portefeuille, puis m’apprête à faire opposition à ma carte bancaire quand mon téléphone vibre. Numéro inconnu. Allo, oui, oui c’est moi, vous avez ramassé mes papiers sur la route ! Vous étiez en scooter et en retard à un RV à l’autre bout de Paris ! Merci ! Merci ! Je vais venir les chercher. Oui je note l’adresse.

Je suis arrivé devant ton bureau au fin fond du quinzième, t’ai appelé et tu es sorti me rendre cette petite pile de papier et de plastique si importante au quotidien. Tu m’as rendu aussi un peu foi en mes congénères humains. Tu as même refusé que je te récompense.

Merci Sam, merci de t’être arrêté pour le ramasser, merci d’avoir cherché mon numéro. Merci infiniment.

P.S: la première qui me parle de sport sous prétexte que je vais à la piscine en vélib, je la maraboute.

marabout