Grossesse à risques – Suite
juillet 25, 2013 dans ma vie par Paf
Quand je tenais la main de MQB en salle de travail.
Pour celles et ceux qui ont raté le premier épisode de mon mini-feuilleton de l’été, il est juste en dessous, je recommande de commencer par celui-là.
MQB m’a informé que j’avais oublié de vous dire que la biopsie du trophobidule ratée lui a causé une petite hémorragie qui lui a imposé de rester 15 jours allongée, à c’te feignasse.
Ensuite, avant l’amniocentèse, on nous a recommandé de passer une échographie cardiaque du bébé, par un spécialiste en coeur de bébé ( je n’avais jamais imaginé que quelqu’un puisse être champion dans la catégorie scrutage de coeur miniature), bon moyen selon les spécialistes de savoir s’il n’y avait pas d’anomalie. Il n’y en a pas eu de trouvée. Ouf.
Puis l’amniocentèse nous rassura et nous passâmes un mois de fin d’été peinard. Un instinct nous avertissant que ça n’allait pas durer, nous nous fîmes même un super week-end en amoureux dans un hôtel design et somptueux de Bouliac, près de Bordeaux : Le Saint-James auquel je fais une petite pub gratuite en souvenir d’un repas extraordinaire.
Grand bien nous en a pris, même si MQB n’a pas pu prendre les verres de vin assortis aux mets et si je suis le seul à avoir mis mon cul nu dans le jacuzzi de la terrasse de notre chambre. Car l’échographie du cinquième mois nous a replongé la tête sous l’eau fissa, avec des annotations aussi magnifiques que “corps calleux mal ou pas vu” ou “légère dissymétrie des deux hémisphères”, le tout nous laissant penser que si cet enfant voyait le jour, ce serait vraiment un gros coup de bol. Trois semaines pendant lesquelles je te laisse imaginer comment tu as les nerfs à vif, comment une dispute pour le choix des gâteaux apéro peut dégénérer à la vitesse d’engloutissement d’un flamby par le préado.
Et après ces trois semaines, tu repasses une échographie, avec une meuf un peu plus sympa, qui voit un corps calleux, qui le trouve tout normal, qui voit des hémisphères de taille identique, que t’as envie de l’embrasser, mais t’embrasses ta femme, parce que faut pas déconner.
Sixième mois presque sans histoire, MQB a juste fait un faux positif au test du diabète qui lui a valu de passer un second examen de trois heures, la coquine.
Huitième mois : On a trouvé à MQB de l’hypertension qui lui a fait gagner un passage gratuit à la maternité tous les trois jours. Et là, elle a remis son costard de “Super-pas-normale-girl !” : un toubib lui a annoncé à MQB qu’elle était hémophile, qu’il s’étonnait qu’elle ne s’en soit pas rendu compte en trente-neuf ans. C’était écrit, là, dans son résultat de prise de sang. Après contre-enquête dans le truc le plus spécialisé de France, il s’est avéré que MQB, comme une personne sur un million, souffre d’un truc qui donne un faux positif en matière de test de coagulation. Elle souffre de rien sinon. Quand elle se coupe, ça fait des petites croûtes toutes bien normales. Mais pour le test, ça dit hémophile.
Et enfin le jour J, le travail qui se passe bien, la dilatation, tout ça, la douleur, mais elle encaisse grave ma squaw, je pense que je souffrais plus quand elle me broyait les doigts, puis les bip du coeur du minus qui ralentissent, de plus en plus, ça a l’air d’affoler gentiment ces gens qui sont habitués à ne pas affoler autrui, et là on l’emmène pour une césarienne d’urgence, derrière une porte à doubles battants avec un gyrophare orange au-dessus et la mention “interdit à toute personne étrangère au service” et moi je reste tout seul comme un con devant cette porte, dans ma tenue de clown bleu clair pas drôle en papier crépon, à égrener les minutes pendant lesquelles je suis tout seul, à avoir dans la tête ce putain de clip de Goldman, je pleure à chaque fois que je le vois. Ces minutes où tu imagines tout.
Puis on me l’a amené, en me disant qu’elle allait bien. Tout fripé. Je l’ai longtemps appelé “ma petite pomme de terre”. Et depuis, il va drôlement bien. Il est tellement génial qu’il y a des cons que ça effraie, trop de différence. Il est tellement hors de la moyenne. Je l’aime tellement. Autant que préado alors que ça ne me semblait pas possible.
Maintenant tu sais pourquoi MQB est un peu plus flippée que la moyenne.
Bah voilà: J’ai pleuré!
J’ai aussi connu ces ralentissements du coeur et cette césarienne d’urgence, mais là ou j’ai eu de la chance, c’est que le papa a pu m’accompagner.
Et j’ai aussi un p’tit garçon qui ne rentre pas dans le moule, un de ceux qui préfèrent les chiffres aux gens et ça:
« Il est tellement génial qu’il y a des cons que ça effraie, trop de différence. Il est tellement hors de la moyenne. Je l’aime tellement. »
Ça m’a ému aux larmes… Merci d’avoir mis cet amour en mots^^
Merci Xalène, pour ton commentaire. C’est très agréable d’avoir ce type de retour. Bonne journée.
Bon et bien je constate qu’il y a quand même bien de quoi flipper dans votre histoire. On suit grâce à tes mots votre parcours chaotique qui mène à ce (petit)grand bonheur.
Je comprends tellement. On a vécu la même chose pour ma première grossesse. Écho 2 « dites moi on avait bien fait le test de la clarté nucale? Non car les fémurs sont tellement petits que soit il est trisomique soit il est atteint de nanisme » pardon???? et hop merci au revoir. Bref. Du coup ça fait une maman stressée. Et un petit bout en parfaite santé mais stressé aussi. :-/ ça fait du bien de partager ce « type d’expériences » merci!
Voilà, je vous lis à rebours. J’ai commencé par aujourd’hui (via Papacube) puis je remonte. Plein de fois j’ai les larmes aux yeux, quand vous parlez des loulous. Alors juste là, cette fois-là, je vous l’écris.
Oh ben c’est gentil. Moi aussi, parfois quand je relis un vieux billet que j’ai oublié j’ai ma larmichette. Désolé du temps de réponse, j’ai pas vu ton message avant. Et tu peux me tutoyer maintenant. Merci encore et bonne fin de lecture.