Grockick et pêche au thon
mars 26, 2013 dans ma vie par Paf
Aujourd’hui, j’ai dans la tête une (très) vieille chanson qui faisait :
Des figues, des bananes, des noix
Des noix, des bananes des figues
Tout le monde y pue
Y sent la charogne
Y’a qu’le grand Babu
qui sent l’eau de Cologne
Pour les incrédules, la voici.
Mais où je vais les chercher ? Merci google, qui, telle une Madeleine, vient de me rappeler que cette œuvre est tirée d’un feuilleton radiophonique (papa, c’est quoi un feuilleton radiophonique ?) de Pierre Dac et Francis Blanche, Signé Furax, que j’écoutais devant mon bol de chocolat fumant à l’âge de 9 ans, sous Giscard donc (papa, c’est qui Chiskar ?), en Lorraine près de Metz. La cuisine était en Formica, Grockick était mon idole, il n’avait pas encore laissé sa place à Quicky le lapin anorexique survitaminé. En repensant à l’éviction de Grockick pour cause d’obésité et d’indolence, ça me fait penser à l’une des émissions que j’affectionne et dont j’avais envie de parler.
Je vais vous abreuver de mes théories à propos de The Voice, donc allergiques à la télé-réalité, passez votre chemin et allez croquer la vie à pleines dents ailleurs. Le dernier épisode confirme mon sentiment mitigé vis-à-vis de ce programme. The Voice, c’est un concours de chant à l’aveugle censé te garantir de vrais purs talents vocaux, et je trouve cela parfaitement exact pendant la première phase puisque les auditions permettent de qualifier des gens que vous ne verriez dans aucune autre émission (sauf les inoubliables de la nouvelle star) : des geeks, des gros-culs (catégorie mixte) et même des échappés du moyen-âge. Vraiment déçu d’ailleurs que le ménestrel Luc ne soit pas venu avec un ours, un nain et un cracheur de feu.
Mais ensuite, une fois cette première sélection faite, on change de dimension et on passe à l’élagage des vilains, je veux dire par là que tout ce qui sort du cadre (trop gros, trop moche, trop différent) dégage. C’est ce qu’on appelle les Battles (parce que y’a pas de mot pour décrire ça dans notre langue, c’est pour ça qu’on le dit en anglais). Le Coach (autre anglicisme indispensable) choisit parmi ses talents pour constituer des matchs en tête à tête et doit ainsi élaguer la moitié de son équipe. A leur place, je ferais comme eux : tu mets tes préférés face à ceux que tu juges les moins forts et tu jettes ton “moins préféré” à l’issu du duol. Le duol, savant mélange de duo-duel est le mot préconisé par Jacques Toubon pour remplacer Battle. Papa c’est qui Jacques Bouton ? Exemple concret catégorie “je vais à l’abattoir” : Jenifer désigne Jérôme pour se faire tôler par Olympe. Faut dire que ce gamin arrache tout, il me fait penser à Anthony sans ses Johnsons, je pèse mes mots. Sauf talent exceptionnel, à l’issue de ces duols, il ne restera plus que des beautiful people. Adieux les bourrelets, adieux les disgracieux, adieux le vertueux concept de The Voice, victoire de Quicky et ses amis.
Encore pire cette année, avec l’ajout de cette possibilité de repêchage proposée aux Coachs qui leur permet de sauver deux talents qui perdent leur duol. Les exemples sont nombreux : la semaine dernière, Sandy Coops, plus jolie, l’emporte sur Nadja, la tronçonneuse québécoise, qui ne sera bien sûr pas repêchée. Je mets de côté Luc Arbogast (Loreena McKennitt, sors de ce corps !), il y a chaque année un bouffon ou un comique ou une bête de foire, ça fait partie du show. Jenifer repêche Florian le petit corse, elle lui dit d’ailleurs, qu’il est beau. Il suffit de regarder les repêché(e)s pour voir que le talent vocal ne suffit plus : Dièse, la fille de Sinead O’Connor, Nungan et Tyssa. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est pas la pêche aux thons.