Alimentaire mon cher Watson
novembre 4, 2013 dans ma vie par Paf
La semaine dernière, MQB et moi nous sommes sauvés sans enfants pour une nuit à Barcelone (merci les beaux-parents). Comme à l’accoutumée, MQB nous a cherché un chouette restau pour le soir et a dégoté du pas ordinaire : un restaurant qui marie la cuisine japonaise et les produits catalans, la fusion du tapas et du bento. Une étoile au Michelin, ça cautionne la soirée de qualité. J’ai donc validé la proposition comme un con au lieu de militer pour des tapas réglementaires. Faut dire, que le midi, nous nous étions éclaté les papilles dans un petit restau qui mérite son nom : Suculent sur le Rembla Raval. Pour un prix très modique en plus, vraiment une bonne adresse.
Donc le soir venu, à une heure parfaite pour dîner à Barcelone quand les Allemands ont déjà roté leur crème catalane, nous arrivâmes devant Dos Palillos. Le décor est sympa, tu rentres dans un bar à la déco kitsch. Nous nous y sommes posés pour boire un verre en attendant que la table soit prête. Puis, tu accèdes à la salle du fond où les tables, et ben ne sont pas des tables, en fait, les places sont disposées sur un bar qui entoure la cuisine. Ça tombe bien, on aime bien manger au bar. Et comme ça, tu peux contempler la dizaine de cuisiniers qui officient sous tes yeux. Il y a même des miroirs inclinés au-dessus des cuisiniers pour mieux voir ce qu’ils font. Il y a deux menus au choix : un normal et un balaise. Nous ne sommes pas de gros mangeurs, donc nous optons pour le menu normal. L’avantage du menu unique, c’est que tu ne te casses pas la tronche à choisir. L’inconvénient, c’est que le chef peut vouloir te faire emprunter des chemins auxquels tu n’es pas habitué. En l’occurrence, fallait pas oublier ses geta (les chaussures, pas le couple de la night sponsorisé par des gros casques). Je savais qu’on allait manger de l’inspiré japonais, mais je n’avais pas mesuré à quel point.
Ça a bien commencé avec des choses essentiellement crues, mais savoureuses, agrémentées de condiments inusités dans nos contrées, de fleurs et de feuilles inconnues et présentées dans des objets de vaisselle sublimes, tellement beaux qu’on ne peut pas appeler ça des assiettes. Je t’ai mis un échantillon en début d’article de la douzaine de plats qui se sont succédé.
C’est à l’arrivée du quatrième bol récipient caillou plat que ça s’est gâté. Je précise que même si le poisson cru ne nous fait pas peur à l’occasion sans être notre plat de prédilection, MQB et moi partageons en revanche un amour assez modéré pour les fruits de mer en général, les gluants à forme bizarre en particulier. C’est là que nous avons commencé un fou rire mémorable, quand ceci a été posé devant nous :
Tu rigoles, mais t’aurais pas fait le fier non plus. Après avoir exclu les hypothèses farfelues : c’est pas un rince-doigts, y’a trop de trucs dans le bol, c’est pas une tradition ibérico-japonaise qui consiste à montrer fièrement à ses invités ce qu’on a raclé au fond de l’aquarium et ce n’est malheureusement pas une décoration de table, nous avons du nous rendre à l’évidence : nos hôtes s’attendaient à ce que nous consommions le contenu de cette caillasse : des fruits de mer crus (tout bizarres, en plus, tu vois le bout rouge qui dépasse, c’en est un. Y’en avait un autre avec des yeux qui dépassaient comme un escargot !), des algues, pas de sauce, rien.
Ce qui était rigolo aussi, c’est qu’à ma droite, un autre couple découvrait les mêmes choses au même moment que nous et que malgré la barrière des langues (je ne parle pas un mot d’espagnol), nous échangions des regards complices, tantôt surpris, tantôt circonspects.
Depuis le début du repas, MQB me laissait à chaque plat un quart, voire un tiers de son assiette vu son appétit plus modeste que le mien, craignant de ne pas venir à bout du menu. Parce qu’il faut savoir que MQB souffre d’une phobie assez peu courante : elle ne peut rendre une assiette non vidée. Mais là j’ai été intransigeant, j’ai fini tout mon bol, ses fruits de mer, mais pas ses saloperies d’algues à elle. C’était too much.
Après ce bol-là, ça a été une rigolade de se finir au poulpe cru, au foie de lotte et au mini burger maison à la cuisson inexistante. Je ne suis même pas sûr que c’était de la viande au milieu.
Tout ça pour dire que nous ne regrettons pas cette soirée, qui au final sera des plus mémorables, mais je préférais te prévenir au cas où tu passerais dans le coin : s’il y a anguille sous roche, il y a anguille crue sous roche.
Ahahaha ! Je note l’adresse. Savoureux ce billet
Merci, il a été mariné puis cuit à coeur, c’est le secret.
Moi, j’adore les fruits de mer et tous les crustacés crus et les photos me donnent une envie d’huîtres, de palourdes, de moules, de pieds de couteau crus!!!!!
Merci pour l’adresse
Mais avec plaisir Madame ! Ce restau a l’air fait pour toi.
Je pense que ça peut être un régal pour ceux qui aiment les fruits de mer… ce n’est pas mon cas hihi
Alors n’y vas pas ! Je ne t’ai pas tout dit, il y avait des grosses crevettes dont ils n’avaient cuit que la tête, le principe étant de manger le corps cru en aspirant le jus de la tête très chaud. Résultat pour quelqu’un comme moi qui n’aime pas aspirer les têtes : tu te crames les doigts pour manger un truc cru. Le comble.
Oh mon dieu… j’opte pour les tapas classiques hahahha
Oulala ! Ici on adore la cuisine asiatique, mais surtout les choses… « conventionnelles » ! Le riz cantonnais de base, les nouilles sautées, les nems et autres mets classiques !
J’ai tenté il y a peu la salade d’algues « wakamé », et j’ai eu du mal à avaler la première bouchée.
Enfin ce resto a l’air bien sympa, peut-être que j’oserai y aller avec mon compagnon qui adore les fruits de mer…
Et puis ces bols-cailloux ont l’air tellement… feng-shui!
Toute la vaisselle était vraiment très belle, je n’ai pas tout mis parce qu’il y a des trucs sur lesquels on s’est jetés avant de les prendre en photo. J’allais quand même pas photographier les assiettes vides. Au-delà des quelques produits étranges utilisés, l’ensemble était vraiment étonnant, mais en positif. Je suis sûr que Romain Tischenko (chef du Galopin que nous adorons) serait conquis.
C’est pas une phobie : c’est juste que ça me met très mal à l’aise au restaurant ou chez des gens de leur rendre des choses genre « merci mais c’était vraiment dégueulasse ». Je tenais a cette precision
Ouais, puis c’est tellement plus simple de me filer ton assiette et de prendre la mienne qui est vide pour éviter de devoir se rouler par terre en suppliant « Gomen nasai ».
Je note l’adresse pour l’hypothétique jour où je serai à Barcelone sans le Jules, que je récupèrerais à coup sûr évanoui sous le bar dès les premières assiettes.