Photo sans flash !
juillet 11, 2013 dans ma vie
Hier, j’ai sacrifié à la sacro-sainte tradition du minus : se rendre à l’aquarium.
Il adore.
Depuis notre arrivée aux Sables, il me demandait d’y aller. Je traînais un peu les pieds vu que je l’ai déjà fait trois ou quatre fois, celui-là, et que c’est vraiment pas le plus merveilleux que j’aie visité. Doux euphémisme. Faut dire que nous avons à notre actif un beau palmarès, de Stockholm à San Sebastian, de Barcelone à La Rochelle, nous en avons aligné un paquet de qualité. Alors quand tu dois retourner au “Septième Continent”, avec son look d’entrepôt, ses grands bassins un peu vides et un peu moches, ben tu cours pas. Le tarif, en revanche, est à la hauteur de ses plus prestigieux concurrents. Je n’en veux pas au préado d’avoir séché pour jouer à League Of Legend, c’est pas la peine de claquer onze euros de plus pour qu’il s’emmerde.
Quitte à se faire chier promener un moment à l’intérieur, j’ai observé mes contemporains. Parce que ça, c’est une source inépuisable d’émerveillement pour l’extra-terrestre que je suis. Et je n’ai pas été déçu, j’ai pu contempler de beaux spécimens.
Il y a ceux qui disent des conneries à leurs enfants, genre “Papy, c’est quoi comme poisson celui-là, avec un long nez ? – C’est un poisson Pinnochio !” Il y a celle qui interdit à ses rejetons de mettre les mains dans l’eau du bassin tactile et qui jette des regards exaspérés à ton minus qui lui y trempe les deux bras. Heureusement qu’il était en manches courtes, c’est plus pratique que la dernière visite en hiver où les deux manches du pull ont été immergées. Tu sais ce que ça veut dire tactile ? C’est écrit en gros sur le mur. C’est comme les panneaux qui dans chaque salle rappellent qu’il ne faut pas utiliser de flash. Et me dis pas qu’ils ne savent peut-être pas lire, c’est aussi illustré d’un picto explicite. Ben malgré ça, t’en as toujours qui te donnent l’impression que leur objectif est d’aveugler le plus grand nombre d’espèces aquatiques. Tu le vois pas, sur tes photos, qu’il n’y a qu’un gros reflet tout blanc sur une vitre pleine de traces de doigts ? Y’en a même une un jour qui a eu l’outrecuidance de me dire qu’elle savait pas l’enlever. Pourquoi elle irait s’emmerder à lire un mode d’emploi en plus ? C’est bien plus rigolo de stresser des espèces en voie de disparition.
Lors de cette visite, il y avait quand même une nouveauté : pour atténuer l’aspect sinistre du lieu, quelqu’un a eu la bonne idée d’installer sur le parcours de petits jeux pour les enfants, genre trucs de square en miniature et en plastique : un ridicule bateau de pirate (voir photo) monopolisé par un morveux parfaitement antipathique (non, mais sérieux, mouche-le, ton lardon, il a déjà pas un physique facile, mais avec ses deux coulées de Slime sous le pif, c’est le pompon), une sorte de tunnel chenille, deux toboggans d’au moins un mètre de haut… Les nains, ravis, se jetaient tous dessus. Ben y’a des chafouins qui engueulent leurs enfants parce qu’ils ne regardent pas les poissons, alors que “quand même, c’est pour ça qu’on est venus”. Excuse-moi, j’ai cru que tu venais pour faire plaisir à tes mômes, j’avais pas compris, chuis con.
J’ai trouvé adorable la grande sœur de dix-onze ans, avec sa petite robe et son vernis à ongles, qui bavait en regardant sa petite sœur foncer sur tous les appareils.
Ultime observation : l’enfant tellement habitué à ce qu’on le prenne à tout bout de champ en photo que dès qu’il arrive devant n’importe quoi, il se retourne et se fige dans un sourire forcé, toutes dents dehors, qui n’est pas sans évoquer certaines constipations passagères ou autres tourments intestinaux. Ça m’a rappelé un jour au parc Güell à Barcelone. Les touristes faisaient la queue pour se faire prendre en photo avec une salamandre en céramique. J’en ai photographié une vingtaine, de ces mauvais acteurs essayant de jouer un instant la mélodie du bonheur. Au départ, je ne voulais que la salamandre, mais c’était pas possible. Pas à heure de pointe touristique.
Je ne pige pas le principe d’être sur toutes les photos, devant tous les monuments. Comme pour tout, la quantité supplante la qualité. Tu dois fournir des preuves à ton retour de vacances ? Un jour, un collègue m’a sorti ses photos de congés payés comme ça. Il l’a mal pris quand je lui ai dit que c’était bizarre, qu’il y avait la même tâche sur toutes ses photos. C’était sa femme.