par Paf

Cher Jean-François,

juillet 5, 2013 dans ma vie par Paf

Cher Jean-François,

Ton appel vibrant m’a ému. Conscient de la mouise noire dans laquelle vous laisse le petit Nicolas et ses frasques de campagne aux frais du contribuable, je voulais te transmettre toute ma sympathie et un don symbolique : un harmonica qui te permettra d’aller jouer dans le métro pour collecter les deniers qui vous font défaut. Je te cache pas que ça m’arrange un peu vu que le minus me casse régulièrement les oreilles avec. J’ai été admiratif en apprenant que Nicolas démissionnait de son taf pépère à 11.000 boules mensuelles. Quel grand homme. Même sans talonnettes. Faut pas être dans le rouge sur son compte à la caisse d’épargne pour se permettre ça. Faut voir le côté positif, vous allez pouvoir jouer les victimes un bon moment, crier à l’injustice, hurler au complot. Pis va falloir en trouver des mamies gâteuses blindées à détrousser gentiment.

Je t’embrasse pas, comme dirait Christophe Conte, je voudrais pas que tu te méprennes.

par Paf

Opération flash-back : quand j’étais vendeur.

juillet 2, 2013 dans ma vie par Paf

tumblr mpb1nhBEOJ1s733tao1 400 Opération flash back : quand j’étais vendeur.

J’ai fait un petit sondage la semaine dernière pour savoir si cela vous intéresserait d’entendre quelques histoires qui remontent à l’époque où je travaillais en magasin, et les retours ayant été assez positifs, je commence aujourd’hui. J’ai passé dix-huit ans à la fnac, au début à Créteil puis dans de grands magasins parisiens. J’y ai été vendeur puis responsable de rayon en informatique et jeux vidéo. Je garde d’excellents souvenirs de cette période et de nombreuses personnes avec lesquelles j’ai travaillé. Quand j’ai réfléchi à ce que je pourrais vous raconter, une histoire s’est imposée. Une dont je n’ai pas été l’acteur principal.

Je préviens d’entrée de jeu que le souci d’authenticité m’impose d’employer un vocabulaire fleuri, que nos amis d’outre-Atlantique ne pourraient s’empêcher d’affubler d’un “Parental Advisory : Strong Language”.

Il faut tout d’abord que je situe le contexte. Fin d’année 2005, le jeu de foot star de l’époque Pro Evolution Soccer 5 (PES 5 pour les intimes) était sorti depuis un mois et éclatait les records de vente. Ce titre phare de l’époque avait une réputation de qualité et de fiabilité en béton. J’étais responsable du rayon jeux vidéo, et quelques jours avant ce que je vais vous raconter, j’avais demandé à mon équipe de ne pas se mettre à plusieurs lorsqu’un client s’avérait chiant, car cela contribuait à envenimer les choses.

Et donc  ce jour-là, mon camarade que j’appellerai Thierry voit s’approcher du comptoir deux mecs, la vingtaine : un petit et un gigantesque. Le grand faisait deux mètres et bien 140 kg dont on soupçonnait que ce n’était pas que du gras. Une montagne. Avec son pote petit et chétif à côté, ils m’ont fait immédiatement penser aux protagonistes “des souris et des hommes”. Le balaise sort un disque de PES 5 pour PlayStation 2 et le pose sur le comptoir avec le ticket de caisse et demande le remboursement “parce qu’y a un bug”. Je devais être juste à côté en train de remplir le rayon et je me suis dit “encore un qui veut se faire rembourser pour un motif bidon”. Mais puisque j’avais demand�� à tous de ne pas s’occuper des clients des autres, je le fis pour l’exemple. Thierry ouvre la boîte du jeu, regarde le disque et répond qu’il ne peut pas le reprendre puisqu’il est rayé. Là, le gros mec passe directement au tutoiement et lui dit “t’es en train de me dire que je peux me mettre mes 80 euros dans le cul ?” et le répète plusieurs fois en gueulant de plus en plus. “C’est bien ça ? Tu veux que je me mette cette boîte dans le cul ?” Il monte en mayonnaise à grande vitesse pendant que son petit pote le harangue “Woua, Momo, tu vas pas te laisser enculer !”. Voyant que la situation dégénérait et que le gros mec perdait son sang froid, que Thierry était plaqué au mur derrière le comptoir et se voyait déjà voler par dessus ou se prendre une mornifle probablement meurtrière, je file voir les mecs de la sécu et je leur dis de porter toute leur attention à ce qui se passe dans mon rayon. Avec la finesse qui les caractérise, ils viennent à trois et se placent en demi-cercle derrière les deux mecs qui les ont vus, bien sûr, des balaises en costard avec un talkie qui crachouille à la ceinture, ça passe pas inaperçu. S’en suit un laps de temps où je me demande si les trois mecs de la sécu parviendraient à retenir la montagne qui menaçait de s’ébouler sur mon pote. Thierry, héroïque, tel un négociateur de film d’action, déploie des trésors de diplomatie pour expliquer qu’il n’est que le rouage d’une organisation ayant pour but (lucratif) de vendre des jeux, pas de les rembourser quand ils sont défoncés par les clients, que le dysfonctionnement évoqué est certainement dû aux rayures sur le disque. Et le petit mec continuait : “te laisse pas faire, Momo, y t’embrouille, te laisse pas faire, y veut te niquer !” Georges et Lenny, je te dis, du pur Steinbeck.

L’avantage d’être responsable de rayon dans cette situation, c’est qu’à un moment, le type comprend le principe du rouage et demande à avoir affaire à l’engrenage de taille supérieure pour obtenir gain de cause. Mais bon, les mecs de la sécu étant là, je ne risquais plus grand-chose pour mon intégrité physique. Je rejoignis Thierry au comptoir pour continuer à leur expliquer que le tort était de leur côté, en entamant la ritournelle de la bonne foi : si on pouvait démontrer que le problème survenait de la même manière avec un disque neuf, et seulement à cette condition, nous pourrions consentir à un remboursement. Je disais ça très régulièrement et dans 99% des cas, le mec repartait avec son disque rayé. Nous avions même souvent des disques avec des trous de boulettes. Tu m’étonnes qu’ils ne marchaient plus. Conseil pour les jeunes : ne pas préparer son mélange de pétard sur des disques, le shit ne ruine pas que ton cerveau en développement.

Mais là, le mec se calme un peu, annonce qu’en dix minutes, il peut démontrer le bug qu’il rencontre pour voir si ça fait la même chose sur notre exemplaire qui tourne en rayon. Nous partons donc tous vers la console du rayon sur laquelle tournait le jeu, eux, nous et un vigile (les autres étaient partis vu que ça s’était détendu) pour le regarder faire. Et effectivement, le gros mec a fait une partie avec une équipe précise, à la fin, il a acheté un joueur précis, et quand il a voulu lancer le match suivant, notre jeu s’est aussi planté. Ce gros nounours assez effrayant avait trouvé le seul bug dont j’ai jamais entendu parler dans PES. Je l’ai remboursé. Puis nous sommes partis en pause dix minutes. Thierry était blanc comme une merde de laitier, il a vraiment eu peur. Ça, c’était le client le plus flippant que j’aie vu. Et lui l’avait vu de beaucoup plus près.

par Paf

Quand j’ai assisté au spectacle ce matin.

juillet 1, 2013 dans ma vie par Paf

tumblr mp9dr1IFrV1s733tao1 500 Quand j’ai assisté au spectacle ce matin.

Je pensais faire un article sur ma sortie de ce matin. Finalement… j’hésite. Tant pis, on verra. Alors ma sortie avec la classe du minus ce matin. Tout a bien commencé, les parents sont revenus après la collation et l’opération “pipi everybody”. Les enfants étaient déjà badgés. C’est drôlement pratique les badges, pour ceux comme moi qui sont incapables de mémoriser des prénoms, ou du moins de les associer à un visage. À chaque fois ça se passe de la même manière, les enfants que j’ai accompagnés à d’autres sorties me disent qu’ils voudraient être dans mon groupe, et à chaque fois on m’en file de nouveaux que j’ai jamais transhumé, ou cornaqué, comme tu préfères. On me confia donc une paire de nains de sexe masculin en plus du mien. Du turbulent, mais sans plus. La caporale-chef maîtresse me dit que je fermerais le convoi. J’opinai, cette place valant n’importe quelle autre. Et nous partîmes, pour un périple de six cents mètres et trois traversées de rues qui se déroula parfaitement normalement : les enfants blablatèrent tout le trajet et tripotèrent tout ce qu’ils purent, le cortège ressemblant probablement en vue aérienne à une chenille dont le corps s’allonge et se contracte. Ceux qui voudront apprendre à marcher au pas pourront toujours faire majorette ou militaire de carrière plus tard.

Arrivée au théâtre, installation des nains, majoritairement par terre devant la scène, le mien a préféré rester sur une chaise à côté de moi puisqu’il déteste les spectacles. Du moins, il déteste assister à un spectacle s’il ne l’a pas déjà vu pour s’assurer que ça lui plaît et que ça ne lui fait pas peur. C’est très pratique, surtout si tu aimes voir une deuxième fois n’importe quoi. En revanche, c’est nettement plus épineux de le convaincre d’y aller la première fois. Mais une dame nous ayant dit que ce spectacle ne comportait pas de loup, et seulement un ours pas méchant, il a consenti à rentrer. D’ailleurs, ça n’a pas loupé, quand l’ours est apparu, une quinzaine de minus ont gueulé qu’il était pas méchant pour rassurer le héros qui tentait de leur faire croire qu’il était terrorisé à ce moment-là. Son jeu d’acteur en a pris un coup.

Le spectacle s’est déroulé. Je ne vais pas vous résumer l’histoire en une ligne, puisque cela me forcerait à vous dévoiler la totalité du scénario qui tient sur un ticket de métro recto. Les décors : quatre bâches probablement confiées à un peintre en bâtiment. Les costumes récupérés à la friperie du coin. Des comédiens pas du tout à l’aise avec les commentaires des enfants, une interaction proche du zéro avec le jeune public. Le seul intérêt de ce conte fut qu’il était musical : piano, violoncelle, violon et flûte traversière.

Je ne peux que vous conseiller d’aller voir l’autre spectacle auquel j’ai assisté cette année et qui joue encore mercredi 3 et samedi 6 : Princesse Cracra et la sorcière gribouillis. C’est en voyant celui d’aujourd’hui que j’ai pris la pleine mesure de la qualité de l’autre, que j’avais raconté . Tiens, je me demande si Télérama l’a vu celui-là !