Hé Britney, j’ai vu ton clip hier soir. Trop bien. Y’a des bombasses partout (brunes, hein, pour pas qu’on te confonde avec une autre meuf complètement quelconque répondant présent aux critères de beauté actuels), des bagnoles de luxe, ton parfum, l’hôtel où tu vas travailler à Las Vegas, tout, trop bien. T’as même pensé à faire un petit clin d’oeil à Cyril Hanouna en lui faisant une petite danse de l’épaule vers la fin. Ç’est une machine de guerre, ce clip, pour reprendre un jargon de lycée. Nous vivions heureux en attendant la bombe (t’as vu comment je place une référence classe ?), coucou là voilà. Pis t’as pas oublié de glisser des scènes SM, fouet, cravache, combi cuir, la totale. Trop bien les shoes de la fille dont tu fouettes le cul.

Et j’étais trop mdr quand j’ai vu la meuf avec l’enceinte Beat dans la bouche façon bondage. Trop fort le placement. Je ne m’en lasse pas, je la mets là.

Et aussi, t’as un pote, il a l’air trop cool, avec son slip panthère et ses lunettes noires la nuit (poke Norman), trop cool de boire direct au flacon.

Y’a un truc que j’ai pas compris, c’est qu’ils t’aient fait porter un mannequin tout pourri en plein cagnard. Je comprends pas qu’on demande ça à une star comme toi. Y’a des intermittents pour ça.

Bon mais j’suis un fan, moi, un vrai. Et je suis pas superficiel. J’ai donc décidé d’aller au-delà de l’image et de saisir toute la beauté de ton message en m’appropriant aussi son sens profond.
Au début en entendant le refrain, j’ai cru à une ode au libéralisme, à la culture du travail, avec cet étalage de pognon à quatre roues, et toi qui rabâche « t’as intérêt de bosser, salope ! ». Mais ça collait pas avec les billatches que tu martyrises dans des mises en scène que ne renierait pas Marc Dorcel. Alors j’ai écouté les couplets, et là j’ai compris qu’il ne fallait pas chercher de second degré. En fait tu t’adresses à tes concurrentes, comme à des esclaves soumises dont tu serais la maîtresse, pour leur expliquer qu’elles ont intérêt de se remuer le cul si elles veulent réussir comme toi. Les requins qui tournent autour de toi, trop subtile, l’image. Et pour le texte non plus, t’as pas rechigné à recourir aux poncifs du discours sado-maso, mais t’as raison, c’est elles les esclaves tout juste bonnes à ramasser ce que tu balances.
Franchement, respect, ils sont pas nombreux, les connards capables de mettre tant de clichés dévalorisants pour les femmes dans leur clip. Et j’suis bien content que ce soit une femme qui leur donne des leçons.

T’as sûrement travaillé beaucoup pour faire ce clip. Moi, j’ai cherché, j’ai pas vu un message positif dans ton machin. Pas un que je j’aie envie de transmettre à mes mômes, en tout cas. Je rêve pour eux d’un travail gratifiant, épanouissant, dont l’objet ne serait pas d’amasser des bagnoles italiennes. T’as pas envie de ça pour tes garçons ?